8 conseils pour une cueillette sauvage sans risques

8 conseils pour une cueillette sauvage sans risques

J’aime cueillir des plantes sauvages où que je sois. Ce moment est unique ! L’espace d’un instant, je renoue avec les gestes simples de nos ancêtres. La cueillette sauvage est une pratique aussi ancienne que l’histoire de l’Humanité. Avant l’arrivée de l’agriculture pendant la révolution néolithique, la cueillette était une action nécessaire aux hommes pour survivre. De nos jours, celle-ci reste un choix de vie simple et raisonnée qui passionne de plus en plus de monde.

Cueillette sauvage, le cynorrhodon
Une cueillette sauvage éthique et responsable.

C’est toujours pour moi un réel plaisir d’aller cueillir des plantes sauvages pour réaliser mes recettes médicinales. Armée de mon sac et de mon couteau, j’aime me plonger pendant des heures dans cette aventure stimulante, en quête des fleurs, feuilles, mais aussi racines convoitées. Mais, que je sois dans une prairie, une forêt ou en montagne, des règles de sécurité et de responsabilité s’appliquent à tous les cueilleurs. Voici donc des conseils à respecter pour continuer à cueillir durablement et éviter de graves erreurs.

1- Bien s’équiper pour une cueillette sauvage 

C’est la première chose à faire ! Imaginez qu’après avoir marché quelques heures, vous vous rendiez compte que votre couteau ou vos sacs en tissu soient restés bien au chaud dans votre tiroir. Je parie que la joie ne serait plus au rendez-vous de vos joyeuses trouvailles.

Alors, pour une cueillette sauvage sereine, un petit équipement de base s’impose :

  • Tout d’abord de l’eau, cet élément est indispensable durant votre périple surtout en période estivale.
  • Une trousse de secours, mais aussi un aspi-venin, pour répondre rapidement à des blessures occasionnées par notre propre matériel ou un buisson un peu trop épineux.
  • Un téléphone avec une batterie bien chargée. C’est tout de même plus sécurisant. Et si vous pouvez également prévenir une personne de l’itinéraire de votre périple avant de partir, c’est encore mieux.
  • Une carte pédestre pour éviter de vous perdre. Au cas où vous ne connaissiez pas cette nouvelle contrée.
  • Un petit livre d’identification des plantes sauvages et médicinales en cas de petit doute pour identifier celles-ci.
  • Un couteau bien aiguisé ou même une serpette, pour pouvoir couper de manière franche et propre. Vous évitez ainsi de trop blesser la plante.
  • Des sacs en tissu ou en papier pour déposer votre récolte sans l’abîmer.

2- Identifier avec certitude la plante sauvage

C’est la règle la plus importante du cueilleur. Certaines plantes sauvages sont toxiques en France comme le Muguet ou la Grande Cigüe. Cette dernière peut même devenir mortelle. Voilà pourquoi connaître les détails de celles-ci peuvent vous sauver la vie.

L’observation est indispensable, car certaines confusions sont possibles.

Voici un exemple :

Le Sureau Noir (Sambucus Nigra) peut être confondu avec le Sureau Yèble (Sambucus ebulus) qui est toxique. En phytothérapie, seules les fleurs et les baies du Sureau noir nous intéressent. Pour ne pas le confondre, il suffit de savoir que les baies du Sureau Noir se courbent vers le bas au contraire de son acolyte qui lui se dressent vers le haut. Également bon à savoir, le Sureau Yèble ne fait pas de bois.

Les baies de Sureau noir
Les baies de Sureau noir font un excellent sirop contre les infections des voies respiratoires.

Si vraiment, vous n’êtes pas sûr de vous, certaines solutions s’offrent à vous :

  • Un livre de poche spécialisé et décrivant parfaitement la plante qui est sous vos yeux ;
  • Une application botanique comme Plant Net ;
  • Un spécialiste ou un connaisseur qui pourrait vous accompagner ou confirmer votre découverte ;
  • Une association spécialisée dans la botanique, près de chez vous, vous permettant de suivre des stages ou ateliers, afin d’identifier les plantes de votre future cueillette sauvage.

Dans tous les cas, ne cueillez que les plantes que vous connaissez avec certitude.

3- Préserver les plantes protégées

Renseignez-vous bien avant de cueillir la plante convoitée. Beaucoup de plantes sont par ailleurs en voie d’extinction et certains sites les règlementent. Elles peuvent ainsi varier d’un département à l’autre.

Voici un exemple de plantes à préserver :

Larnica des Montagnes (Arnica Montana) est une espèce protégée. Elle est notamment menacée dans certaines régions comme la Franche-Comté et le Centre.

Des plantes interdites en cueillette sauvage, l'Arnica des Montagnes
L’arnica des montagnes s’utilise seulement en application sur la peau, car sa fleur est toxique par voie interne.

Avant de partir, pensez à vérifier si :

  • L’espèce est rare ;
  • Le lieu où vous vous rendez est protégé. Les parcs nationaux ou réserves naturelles ont des règles spécifiques qui permettent de réguler la flore. Jetez donc un coup d’œil à leurs sites internet.

Quoi qu’il en soit, restez informé des plantes protégées et existantes dans votre département. Regardez le site de l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) qui répertorie l’ensemble des espèces de la faune et de la flore française.

Attention également au terrain privé. Un panneau n’est pas forcément mis en évidence. Demandez au propriétaire son autorisation et vous éviterez ainsi des poursuites. Vous avez un doute sur le lieu ? Consultez le site geoportail afin de trouver les zones susceptibles d’être privées ou protégées.

4- Éviter la cueillette sauvage aux endroits pollués

Tenez-vous loin des bords de route et des champs cultivés, les pesticides et polluants ne sont bons, ni pour nous, ni pour les plantes. Bien choisir votre lieu de cueillette sauvage est indispensable, pour garder intact et sans molécules chimiques, les principes actifs des plantes nécessaires à votre santé.

Un exemple à éviter :

L’ortie (Urtica Dioica) a la capacité d’absorber, autant les éléments nutritifs que les polluants et les métaux lourds. Je vous recommande fortement de ramasser cette plante, aux nombreuses vertus médicinales, dans un endroit non pollué.

Feuilles d'Ortie
L’Ortie est riche en minéraux. Son infusion permet donc, une action fortement reminéralisante et anti-inflammatoire.

5- Cueillir des plantes sauvages saines

Évitez de prélever des feuilles ou des fleurs malades ou abîmées, si vous souhaitez les conserver. Cueillir une plante altérée va vous faire prendre le risque d’anéantir toute votre récolte. Et ce n’est pas ce que vous souhaitez !

Certains parasites et bactéries sont présents et non visibles sur la plante.  Ils proviennent en général des déjections d’animaux et peuvent provoquer certaines maladies. Elles sont heureusement rares mais méritent de respecter certaines consignes pour limiter les risques :

  • Cueillez à plus de 50 cm du sol ;
  • Évitez les zones de pâturage ;
  • Récoltez loin des chemins de passage et des cours d’eau.

6- Procéder à une cueillette sauvage raisonnée

Avant de partir en cueillette, je sais déjà quelle plante je recherche et les parties que je vais devoir récolter pour réaliser mes recettes. Je pars avec cet objectif pour deux raisons :

  • Ne pas gaspiller une partie de ma récolte. Attention à ne pas couper plus d’1/3 des plantes présentes afin de ne pas épuiser votre zone de cueillette.
  • Éviter de gâcher mes recettes médicinales, car j’en aurais fabriqué plus que nécessaire pour mes besoins.

Par exemple, la Camomille Romaine (Chamaemelum nobile) ne nécessite de prélever que la fleur pour l’utiliser en infusion. Pas besoin de ramasser la plante entière ou les feuilles.

Cueillette sauvage, la Camomille Romaine
Les fleurs de Camomille Romaine sont apaisantes en infusion.

Pensez de façon responsable et éthique !

  • Respectez le lieu ; inutile de tout saccager.
  • Évitez d’arracher les racines. Vous serez ravis de retrouver cette espèce l’année prochaine au même endroit.
  • Veillez à ce que la plante soit largement répandue avant de prélever les feuilles, les fruits ou les racines.
  • Ne cueillez pas tout sur le même site. À la longue, elles peuvent entrainer la disparition d’une espèce à cet endroit-là et ce serait bien dommage pour nous et pour la flore environnementale.
  • Ne touchez pas aux espèces les plus vigoureuses. Elles garantissent la continuité de celles-ci.

7- Faire attention aux risques saisonniers

Tout d’abord, les tiques qui sont omniprésentes dans les herbes hautes et sous-bois, de mai en octobre. Même si j’en ai souvent rencontré un peu plus tôt dans l’année, à cause des températures plus clémentes en hiver. Pensez à bien vous couvrir la tête, les bras et les jambes. Préférez des vêtements de couleur claire et vérifiez-les de temps en temps. Certaines tiques peuvent être porteuses de la bactérie Borrelia burgdorferi qui provoque la maladie de Lyme. Pensez à rajouter une pince à tique ou une pince à épiler dans votre trousse à pharmacie.

Ensuite la chasse ! Vérifiez les jours et les périodes de chasse sur le site de la fédération nationale des chasseurs. Vous trouverez pour chaque département les jours où la chasse est autorisée.

Pensez-y, c’est toujours plus agréable d’éviter ces mauvaises situations.

8- Bien conserver sa récolte

Commencer votre cueillette sauvage par temps sec et après la rosée du matin. Déposez ensuite, les plantes prélevées dans des sacs en tissu ou en papier. Si vous optez pour le sac plastique, vous prenez un risque de macération et de moisissures dues à l’humidité. Je ne vous le conseille pas, car les principes actifs de vos plantes vont très vite s’oxyder.

Une fois arrivé chez vous, c’est le moment de les faire sécher ou de les transformer immédiatement. Les plantes fraîches sont fragiles et s’altèrent rapidement. Elles doivent être mises en macération ou séchées.

Faire sécher ses herbes après la cueillette sauvage
Un bon séchage fait la qualité et l’efficacité de la plante médicinale.

Un dernier conseil ?

J’ai toujours un sac avec moi afin de nettoyer mon lieu de cueillette et ses alentours, de déchets en tout genre. J’essaie de rendre à la nature ce qu’elle a bien voulu partager avec moi. Grâce à elle, je peux créer ma pharmacie naturelle en toute autonomie.

En conclusion

Vous êtes un peu triste, car vous êtes rentrés bredouille ? Ça arrive souvent les premières fois. Mais repensez à ce moment ! Je suis certaine qu’il a permis à vos sens de s’éveiller et de développer votre observation et vos connaissances de certaines plantes.

Pour continuer à cueillir dans le respect de la nature et de façon durable, pensez à partager ces règles de bon sens avec d’autres cueilleurs débutants ou expérimentés.

Maintenant que vous avez lu tous ces conseils, vous sentez-vous prêt à réussir votre cueillette sauvage ?

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