Le vinaigre médicinal est un remède naturel prisé pour ses nombreuses actions thérapeutiques. Il est utilisé en phytothérapie et en médecine traditionnelle, depuis des millénaires. Il combine les bienfaits du vinaigre avec ceux des plantes médicinales, créant ainsi un élixir aux multiples usages. Riche en principes actifs, il peut être employé pour stimuler la digestion, renforcer le système immunitaire, soulager les inflammations ou encore désinfecter les plaies. Le vinaigre médicinal est une préparation naturelle, économique et facile à réaliser chez soi. En choisissant les ingrédients adaptés à vos besoins, vous pouvez créer un mélange sur mesure, pour améliorer votre bien-être au quotidien.
Qu’est-ce qu’un vinaigre médicinal ?
Le vinaigre médicinal est une préparation qui associe les propriétés du vinaigre à celles des plantes médicinales. En laissant macérer pendant quelques semaines des végétaux dans un vinaigre de qualité, on extrait leurs principes actifs, afin de créer un élixir riche en bienfaits thérapeutiques.
Le vinaigre est un solvant, utilisé en phytothérapie qui permet d’extraire les tanins, les alcaloïdes, mais aussi les sels minéraux. Néanmoins, il n’est pas aussi performant que l’alcool, pour extraire les principes actifs.
Les principales propriétés du vinaigre :
- Digestif : favorise la digestion et stimule la production de sucs gastriques ;
- Renforce le système immunitaire : il aide à prévenir les rhumes et les infections ;
- Anti-inflammatoire : soulage les douleurs articulaires, musculaires et les inflammations ;
- Antimicrobien et antiseptique modéré : désinfecte les petites plaies ;
- Tonique général : apporte énergie et vitalité, en cas de fatigue passagère ;
- Soin de la peau et des cheveux : purifie la peau, équilibre le pH cutané et apporte également la brillance aux cheveux.
Les origines du vinaigre médicinal
L’histoire du vinaigre médicinal remonte à l’Antiquité. À cette période, il était utilisé par les Égyptiens, les Grecs et les Romains pour ses vertus antiseptiques et digestives. Ainsi, Hippocrate, le père de la médecine, le prescrivait déjà pour nettoyer les plaies et faciliter la digestion.
Au Moyen Âge, il gagne en popularité avec le fameux « vinaigre des quatre voleurs », un mélange d’herbes aromatiques utilisé pour se protéger des épidémies, notamment lors de la peste. Les herboristes médiévaux perfectionnent alors, l’art de la macération des plantes dans le vinaigre, pour en extraire les principes actifs.
Depuis, le vinaigre médicinal s’est transmis de génération en génération, restant un remède naturel incontournable en phytothérapie.
Quel vinaigre choisir pour réaliser un vinaigre médicinal ?
Choisissez-le de préférence non-pasteurisé. Ainsi, il conserve ses enzymes et probiotiques naturels, ce qui renforce l’efficacité du vinaigre médicinal. Sélectionnez-le aussi d’origine biologique, afin de garantir l’absence d’additifs.
Aussi, pour préserver sa stabilité, il est recommandé de choisir un vinaigre alimentaire avec une teneur en acide acétique comprise entre 5 % et 8 %. Plus le vinaigre est acide et plus l’extraction sera efficace !
Pourquoi ce pourcentage ?
- À 5 % : le vinaigre est suffisamment acide pour empêcher le développement de bactéries indésirables et de moisissures, tout en restant doux pour un usage interne et externe.
- Jusqu’à 8 % : il assure une meilleure extraction des principes actifs des plantes et une conservation optimale, notamment pour les préparations antiseptiques.
- Plus de 8 % : il risque d’être trop irritant pour la peau et les muqueuses.
En résumé : 5 % à 8 % d’acide acétique garantit à la fois la sécurité, l’efficacité d’extraction et la bonne conservation du vinaigre médicinal pendant plusieurs mois, sans risque d’altération.
Les différents vinaigres à privilégier
Les vinaigres les plus courants pour réaliser des vinaigres médicinaux sont :
- Le vinaigre de cidre : c’est le plus utilisé en phytothérapie, en raison de sa polyvalence, de ses nombreuses propriétés et de sa richesse en probiotique. C’est également une source importante de minéraux (potassium, calcium, phosphore et magnésium), d’oligo-éléments (fluor, cuivre, silice, bore, fer, soufre) et d’enzymes. Il est idéal pour un usage interne (tonique, digestif, immunité) et externe (soins de la peau et des cheveux).
- Le vinaigre de vin rouge : plus acide et moins doux, il convient parfaitement pour un usage interne. Aussi, son parfum puissant, peut s’avérer trop dominant pour une application externe. Il est également plus onéreux.
Certains utilisent également le vinaigre de miel, de riz ou de coco.
► Attention à ne pas confondre vinaigre ménager et vinaigre alimentaire. Le vinaigre ménager est plus concentré (jusqu’ 15°). Celui-ci peut également contenir de l’acide acétique de synthèse et des arômes.
Bien choisir son vinaigre, c’est garantir l’efficacité de son vinaigre médicinal !
Les ingrédients et le matériel nécessaire
Très peu de matériels sont nécessaires pour réaliser un vinaigre médicinal :
- La plante sèche (choisie selon les bienfaits recherchés) ;
- Du vinaigre de cidre bio ;
- Un bocal bien hermétique pour la macération.
Pour la filtration :
- Une bouteille en verre avec un bouchon ;
- Un entonnoir ;
- Une étamine ou un filtre à café.
► Attention à bien stériliser vos contenants et vos bouteilles en verre ! Ébouillantez-les pendant 10 minutes, puis essuyez avec un torchon propre. Vous pouvez aussi les nettoyer avec de l’alcool 70 °C et les laissez sécher à l’air libre, avant de les utiliser.
Les étapes de fabrication du vinaigre médicinal
Prêt(e) à vous lancer dans cette préparation ancestrale ? Vous allez être surpris par sa rapidité !
- Coupez finement la plante ou broyez les parties les plus dures. Ainsi, vous facilitez l’extraction des principes actifs.
- Placez la plante hachée dans le bocal hermétique, sans trop la tasser.
- Puis, recouvrez les plantes avec le vinaigre, en vous assurant qu’elle soit complètement immergée.
- Fermez le bocal et secouez.
- Au bout de 24 heures, vérifiez le niveau de vinaigre. Si nécessaire, rajoutez-en, car la plante ne doit pas être en contact avec l’air. Ensuite, ne réouvrez plus jusqu’au moment de la filtration.
- Placez le vinaigre médicinal à l’abri de la lumière et à température ambiante. Un placard suffira !
- Enfin, laissez macérer pendant 2 à 3 semaines.
- Remuez quotidiennement.
Facultatif : si vous souhaitez faire macérer des racines, des écorces ou des grains, portez le vinaigre (seul, sans plantes bien sûr😉), à frémissement dans une casserole. Puis, recouvrez les plantes les plus coriaces, au préalable broyées, avec ce vinaigre chaud. Ensuite, continuez comme mentionné ci-dessus la méthode de fabrication.
La filtration :
C’est le moment de filtrer la plante !
- Préparez votre bouteille en verre et transvasez le macérat vinaigré dans l’entonnoir, recouvert d’une étamine ou d’un filtre à café.
- Versez doucement.
- Une fois le liquide passé, pressez fort pour faire sortir le dernier jus.
- Déposez au compost le reste de plante.
- Fermez, étiquetez et stockez.
Quelles plantes utilisées ?
Toutes les parties de plantes peuvent être utilisées : fleurs, feuilles, racines, écorce, fruits, et même graines.
N’utilisez que des plantes sèches pour votre vinaigre médicinal. Les plantes fraîches produiraient une fermentation, et entraîneraient également une dilution importante de l’acide acétique.
→ Beaucoup de vinaigre ne contiennent qu’une seule plante. Mais on trouve fréquemment des formules plus complexes de vinaigres médicinaux, contenant plusieurs plantes.
Exemples de plantes couramment utilisées :
- Vinaigre de Luzerne (Medicago sativa) : reminéralisant ;
- Vinaigre de Framboisier (Rubus ideaus) : reminéralisant ;
- Vinaigre de Pavot de Californie (Eschscholzia californica) : troubles du sommeil (insomnies, problèmes d’endormissement, …) ;
- Vinaigre d’Agripaume (Leonurus cardiaca) : angoisses et palpitations ;
- Vinaigre d’Ortie (Urtica dioica) : reminéralisant et anti-inflammatoire ;
- Vinaigre de feu : stimule l’immunité.
Le vinaigre est souvent idéal, pour les plantes riches en nutriments qui auront une action reminéralisante et nutritive.
Comment conserver votre vinaigre médicinal ?
Le vinaigre médicinal se conserve, entre 6 et 12 mois, dans un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière. Ainsi, un placard fait très bien l’affaire ! Évitez aussi les variations de températures (éloignez des sources de chaleur).
Utilisez des bouteilles avec un bouchon hermétique, pour éviter l’évaporation de l’acide acétique. Pensez également à étiqueter les vinaigres correctement : plantes utilisées + date de fabrication.
Dosages et modes d’administration
Le vinaigre médicinal peut s’utiliser en cure, en préventif et en curatif, mais aussi en usage interne et externe, sur la peau et les cheveux.
Quelques recommandations générales :
- Bien secouer avant utilisation.
- Le vinaigre médicinal s’utilise à la cuillère à café ou à la cuillère à soupe, dilué dans un peu d’eau et boire aussitôt.
- Pour la digestion et l’immunité : 1 cuillère à café dans un verre d’eau froide ou tiède. 1 à 3 fois par jour, avant les repas.
- Désinfection des plaies : appliquez une compresse imbibée de vinaigre médicinal pur, sur une plaie propre.
- Pour un effet tonique général : 1 cuillère à soupe dans une tasse d’eau tiède avec du miel (facultatif). À prendre le matin à jeun pour un coup de boost.
- En cure saisonnière (renforcement immunitaire) : 3 semaines, puis une pause d’une semaine.
- Douleurs articulaires et musculaires : en friction ou en compresse sur la zone douloureuse.
- Soin de la peau :
◦ Lotion tonique : diluez un peu de vinaigre dans le même volume d’eau ou d’hydrolat. À conserver 1 semaine au réfrigérateur.
◦ Bain apaisant : 1 verre de vinaigre dans l’eau du bain pour adoucir et soulager les irritations cutanées.
- Soin des cheveux :
◦ Eau de rinçage : 1 verre de vinaigre médicinal avec 1 verre d’eau chaude, puis rincez et frictionnez après le shampoing.
► Comme l’explique Christophe Bernard dans son manuel pour les remèdes naturels : le vinaigre médicinal est moins concentré qu’une teinture mère. Il faut donc, doublez les doses ! Par exemple, si la teinture mère de framboisier recommande 1 cuillère à café de teinture, essayez 2 cuillères à café de vinaigre de framboisier.
Précautions d’emploi
Comme de nombreuses choses, évitez de prendre votre vinaigre médicinal de manière excessive et trop longtemps. Consommez-le selon les recommandations expliquées plus haut et restez à l’écoute des réactions de votre corps.
- Diluez toujours votre vinaigre avec un peu d’eau (pour un usage interne ou externe).
- Faire un test cutané avant une première utilisation pour vérifier d’éventuelles réactions allergiques.
- Employez avec prudence, en cas d’ulcères gastriques ou de reflux acide sévère.
- Par précaution, demandez l’avis d’un thérapeute en cas de grossesse ou d’allaitement.
- Le vinaigre est irritant pour les yeux. Donc, évitez tout contact. Le cas échéant, rincez rapidement à l’eau claire.
- Les plantes que vous utilisez pour votre macérat peuvent avoir des contre-indications. Donc, assurez-vous de bien les vérifier !
Le vinaigre médicinal ne remplace pas un traitement médical. Donc, si vos symptômes s’aggravent ou persistent, consultez un médecin. Également, si vous êtes sous traitement médical, surveillez les possibles interactions.
En conclusion
Fabriquer son propre vinaigre médicinal est une démarche simple, accessible et pleine de bienfaits. En associant un vinaigre de qualité aux plantes adaptées à vos besoins, vous obtenez un remède naturel polyvalent, utilisable aussi bien en usage interne qu’externe. Donc, n’hésitez pas à expérimenter et à affiner vos recettes, pour créer un vinaigre médicinal personnalisé, parfaitement adapté à vos besoins.
Alors, prêt(e)s à vous lancer ? Testez et partagez votre expérience dans les commentaires 😉 !
🚨 Cet article n’a pas pour but de remplacer un avis médical ! En cas de doute sur votre santé ou de symptômes persistants, consultez un professionnel de santé.
Références
- Claudia Cortesia, Catherine Vilchèze, Audrey Bernut, Quanddy Contreras, Keyla Gomez, Jacques de Waard, William R Jacobs Jr, Laurent Kremer, Howard Takiff – « L’acide acétique, le composant actif du vinaigre est un désinfectant tuberculocide efficace » – mBio – 25 février 2014 ; 5 (2) : e 00013 – 14
- Youness El Abdali, Hamza Saghrouchni, Mohammed Kara, Ibrahim Mssillou, Aimad Allali, Yousef A Bin Jardan, Nesibe Ebru Kafkas, El-Mehdi El-Assri, Hiba-Allah Nafidi, Mohammed Bourhia, Khalid S Almaary, Noureddine Eloutassi, Abdelhak Bouia – « Exploration des composés bioactifs dans certains échantillons de vinaigre de pomme et de leurs activités biologique » – Plantes (Bâle) – 14 novembre 2023 ; 12 (22) : 3850
- Sima Jafarirad, Mohammed-Reza Elahi, Anahita Mansoori, Abdollah Khanzadeh, Mohammed-Hossein Haghighizadeh – « Effets d’amélioration du vinaigre de cidre de pomme en tant qu’aliment fonctionnel sur les indices anthropométriques, la glycémie et le profil lipidique chez les patients diabétiques ; un essai clinique contrôlé randomisé » – Front Clin Diabetes Healthc – 13 novembre 2023 : 4 : 1288786
- Sylvie hampikian – « Macérats, teinture mères et vinaigres » – Éditions Terre vivante – Juin 2021
