Au cœur des campagnes et des prairies, la mauve sylvestre se distingue facilement par ses fleurs colorées. D’ailleurs, vous l’avez sûrement croisé, lors de vos balades dans la nature. Réputée depuis l’Antiquité pour ses bienfaits thérapeutiques, cette plante aux douces propriétés, occupe une place de choix en phytothérapie. C’est un véritable remède naturel pour apaiser les maux de gorge, calmer les inflammations ou prendre soin de la peau. Découvrez en détail ses caractéristiques botaniques, ses bienfaits remarquables, ainsi que de nombreux conseils pratiques, pour l’intégrer au quotidien.
Histoire de la mauve sylvestre
La mauve sylvestre possède une riche histoire qui remonte à l’Antiquité. Les Grecs et les Romains mangeaient les feuilles tendres, afin de tirer avantage de ses vertus laxatives. De nombreux témoignages, dont celui de Discoride, rendent hommage à ses propriétés contre la constipation. Enfin, Hippocrate le « père de la médecine » la recommandait déjà pour soulager les inflammations et apaiser les muqueuses.
Au Moyen Âge, la mauve sylvestre était surnommée « omnimorbia« , signifiant « remède à tous les maux« . Son surnom fait référence à toutes les maladies qu’elle peut soignait. Charlemagne impose même sa culture, pour profiter de ses propriétés thérapeutiques. Elle intègre également les jardins des plantes rares, mettant en avant les bienfaisantes plantes médicinales.
À travers les siècles, elle continue à être utilisée dans les jardins des simples, des monastères et par les herboristes. De nos jours, la mauve sylvestre séduit toujours par ses incroyables vertus.
Un peu de botanique…
Son nom latin est Malvia sylvestris.
Également surnommée : mauve sauvage, mauve des bois et grande mauve.
Elle appartient à la famille des Malvacées. C’est une belle plante vivace pouvant atteindre 0, 30 à 1 m.
Son nom provient du grec « malakhe », signifiant « mou » ou « amollir », en raison peut-être de ses vertus adoucissantes et émollientes.
Le genre comprend une trentaine d’espèces et de nombreux cultivars. Parmi toutes ces variétés, se trouvent la mauve de Mauritanie (Malva sylvestris var. mauritania), la petite mauve (Malva neglecta), la mauve musquée (Malva moschata), la mauve alcée (Malva alcea), la mauve arborée (Malva arborea), etc.
Dans quel environnement trouve-t-on la mauve sylvestre ?
La Mauve sylvestre se trouve partout en Europe, mais aussi au nord de l’Afrique, en Asie occidentale et dans la plupart des pays tempérés du monde. Elle pousse spontanément dans les champs, les haies, le long des chemins, et même dans les décombres. Elle apprécie également le soleil et un sol bien drainé.
Reconnaître les feuilles de la mauve sylvestre
La tige dressée, plus ou moins velue, porte des feuilles alternes et longuement pétiolées. Elles sont palmatifides, découpées en 5 lobes, légèrement arrondies et dentés sur leurs bords. On pourrait ainsi croire, qu’elles ressemblent à un éventail. De couleur vert foncé, elles se recouvrent de pourpre à leur base.
Reconnaître les fleurs de la mauve sylvestre
Les fleurs sont rose-violet, veinées de 3 lignes de couleur rose foncé. Elles présentent une corolle (le calice) de cinq pétales très échancrés, chacun en forme de cœur, puis une seconde corolle (le calicule) composée de 3 sépales. Les fleurs de mauve sylvestre sont constituées d’étamines soudées ensemble et formant un tube au centre. Aussi, elles sont groupées en bouquets à l’aisselle des feuilles et peuvent atteindre 3 à 4 cm de diamètre.
La floraison est longue et mellifère. Elle débute vers le mois de mai – juin et dure jusqu’à l’automne.
Reconnaître les fruits de la mauve sylvestre
Le fruit est rond et plat. Composé de petits akènes, ils sont disposés en cercle comme des tranches d’orange ou de fromages. C’est donc, pour cette dernière raison qu’il porte souvent le nom populaire de « fromageon ». Arrivées à maturité, les graines, appelées aussi carpelles, se séparent et tombent.
La culture de la mauve sylvestre
La mauve sylvestre est une plante sauvage, mais qui peut être cultivée facilement dans les jardins. Elle se sème dès le printemps (de mars à mai selon les régions) et peut également être replantée en automne (septembre et octobre). Elle s’adapte à tous les terrains, du moment que celles-ci soient parfaitement drainées. Installez-la au soleil ou à mi-ombre. Elle résiste très bien à la sécheresse, mais aussi au froid. C’est une espèce rustique, supportant jusqu’à – 15 °C (voire plus pour certaines variétés).
Elle dispose d’une croissance rapide. Aussi, la mauve se ressème spontanément et vous risquez d’en retrouver un peu partout dans votre jardin, dans les prochaines années. Et je vous parle en toute connaissance de cause 😊
Comme la plupart des malvacées, la plante est sensible à la rouille, une maladie causée par un champignon et caractérisée par la présence de pustules orange sur le feuillage. Cette maladie cryptogamique est due à une humidité trop importante.
→ La mauve se bouture également. Prélevez des tiges saines d’une dizaine de centimètres, après la floraison. Replantez-les dans un mélange de terreau et de sable humide.
Quelle(s) partie(s) de la mauve sylvestre utiliser ?
Les fleurs et les feuilles sont employées en phytothérapie. Les racines ont également un usage médicinal, mais sont beaucoup moins utilisées.
Donc, les parties aériennes de la plante se récoltent dès le début de l’été.
Comment faire sécher la mauve sylvestre ?
Faites sécher les feuilles et les fleurs en les étalant à plat sur un linge, une cagette ou autre :
- À l’abri de la lumière et surtout des rayons UV du soleil ;
- À température ambiante ;
- Dans un lieu sec et bien aéré : par exemple, une pièce, volets fermés et avec une fenêtre qui s’ouvre pour ventiler.
► Attention, la conservation, et même le séchage peuvent être difficile ! La richesse en mucilages de la plante la rend sensible à la moindre particule d’humidité, car ils absorbent facilement l’eau. Surveillez et contrôlez bien la plante, pour ne pas risquer de la gâcher.
Stockez votre mauve séchée dans un bocal en verre et hermétique, à l’abri de l’humidité, de la lumière et des sources de chaleur, afin d’éviter tout risque d’oxydation et de dégradation. Un placard fait très bien l’affaire !
⇒ Découvrez un article complet sur la conservation des plantes médicinales !
Les principes actifs majeurs
La mauve sylvestre doit ses nombreux bienfaits à une combinaison de composés bioactifs :
- Des mucilages (en grande quantité : plus de 10 %) : ils se gonflent au contact de l’eau pour former un gel « gélatineux» qui recouvre les muqueuses enflammées et agit comme un film protecteur. Je parle en détail de cette molécule active et bienfaisante dans cet article 😉 !
► Les fleurs de mauve sont un peu plus riches en mucilages que les feuilles.
- Des anthocyanes : des pigments naturels aux pouvoirs antioxydants et anti-inflammatoires.
- Des flavonoïdes : glucosides de flavones, scopolétine, ou encore quercétine sont des composés antioxydants puissants.
- Des tanins (en petite quantité), notamment dans les feuilles.
- De la vitamine C et des sels minéraux, dont le potassium et le calcium.
Quels sont les bienfaits de la mauve sylvestre ?
La mauve sylvestre est une plante aux multiples propriétés, dont d’incroyables vertus adoucissantes pour la peau et les muqueuses :
- Adoucissante des muqueuses digestives et respiratoires : apaise l’inflammation, hydrate et protège des agressions. Soulage la toux sèche et les irritations de la gorge et des voies respiratoires. Employée dans les cas d’allergie, de maux de gorge, rhume, bronchite, trachéite, angine, laryngite, pharyngite et les états grippaux.
- Émolliente locale pour la peau : hydrate, adoucit et agit sur les crevasses, les gerçures, le prurit, les piqûres d’insectes, et même le tiraillement des peaux sèches ou irritées.
- Anti-inflammatoire cutané : apaise les rougeurs et les inflammations de la peau. Calme les irritations, les démangeaisons, l’eczéma ou des brûlures légères. Ainsi, la mauve sylvestre accélère la cicatrisation des petites plaies.
- Anti-inflammatoire de l’intestin : soulage l’hyperacidité de l’estomac, les gastrites, la gastro-entérite, les colites spasmodiques.
► Des études ont également prouvé une action antiulcéreuse.
- Laxative douce : lutte contre la constipation chronique grâce aux mucilages qui agissent comme des lubrifiants naturels. Ces composés se gonflent d’eau et humidifient les selles, activant et facilitant ainsi le transit.
- Anti-diarrhéique : calme l’inflammation. La petite quantité de tanins de la mauve sylvestre resserre légèrement la muqueuse et freine aussi la diarrhée.
- Antioxydante : protège la peau contre les agressions des radicaux libres.
Ses différentes formes galéniques
Les fleurs de mauve s’utilisent plus fréquemment que les feuilles, car elles sont un peu plus riches en mucilages. Mais le mélange des deux est aussi employé.
Par voie interne
L’infusion est la forme galénique la plus recommandée, car son constituant principal, le mucilage, réagit directement à l’eau.
- Infusion de fleurs séchées : 10 à 15 g pour un litre d’eau bouillante. Laissez infuser 10 minutes, puis consommez 3 à 4 tasses par jour, en cas de constipation, de toux ou de maux de gorge par exemple. La saveur est douce et discrète.
- Infusion de feuilles séchées : 20 à 25 g pour un litre d’eau bouillante. Même procédé que pour l’infusion de fleurs.
En application externe
- Cataplasme de feuilles fraîches, hachées au pilon, puis appliquez sur les crevasses et les gerçures. Si les feuilles sont sèches, réhydratez-les dans un peu d’eau chaude, avant d’en faire une pâte avec le pilon.
→ Un cataplasme chaud de feuilles peut faire mûrir des abcès ou des furoncles. Maintenez avec un linge ou une compresse et une bande. Renouvelez plusieurs fois, si nécessaire.
- Décoction concentrée de plantes sèches pour lotion, gargarisme, bains d’yeux, lavement ou bain de siège : 30 à 40 g de fleurs et/ou de feuilles pour un litre d’eau. Laissez bouillir 2 minutes, puis infuser 10 minutes, avant de filtrer.
→ En gargarisme et bain de bouche contre les aphtes, mais aussi les maux de gorge.
→ En compresse pour apaiser la couperose et les irritations du visage.
- Le suc des feuilles fraîches calme les piqûres d’insectes.
La mauve est utilisée en cosmétique, dans les soins apaisants et hydratants, notamment chez les jeunes enfants.
Les associations possibles avec la mauve sylvestre
La mauve sylvestre appartient aux « 7 espèces pectorales » avec la guimauve (Althaea officinalis), le coquelicot (Papaver rhoeas), le tussilage (Tussilago farfara), le bouillon blanc (Verbascum thapsus), le pied de chat (Antennaria dioica) et la violette (Viola odorata).
→ Essayez la « tisane aux 4 fleurs » avec la mauve, le coquelicot, le tussilage et le bouillon blanc, afin de calmer la toux et adoucir l’irritation des voies respiratoires.
► Recette tisane antigrippale et antitussive, selon le docteur Valnet :
25 grammes de fleurs de mauve, fleurs de violette et fleurs de bouillon blanc dans un litre d’eau. Puis, consommez 3 à 4 tasses par jour.
Comment cuisiner la mauve sylvestre ?
La mauve sylvestre est une plante comestible, comme d’ailleurs, de très nombreuses variétés de mauve. Son goût est plutôt neutre. Les fleurs, les feuilles, les boutons floraux et les jeunes fruits se mangent.
Les fleurs rajoutent de la couleur à vos salades ou à vos desserts.
Les jeunes feuilles aussi peuvent être utilisées en salade. Elles peuvent également être cuites dans une soupe, en omelette ou à la poêle, comme des épinards.
Lorsqu’ils sont encore verts, les fruits peuvent être consommés crus. Vous pouvez également conserver les carpelles, et même les boutons floraux, comme des câpres, en les ajoutant dans un bocal de vinaigre.
Contre-indications
La mauve sylvestre est très bien tolérée aux doses recommandées. Toutefois, à fortes doses, elle pourrait entraîner des diarrhées.
En conclusion
La mauve sylvestre est, comme de nombreuses plantes sauvages, une véritable bombe médicinale. Son action apaisante sur les inflammations de la peau, mais aussi sur les muqueuses est un puissant trésor de la nature pour votre santé.
Connaissiez-vous tous les bienfaits de la mauve sylvestre ? Pensez à l’intégrer à votre pharmacie naturelle 😉
🚨 Cet article n’a pas pour but de remplacer un avis médical ! En cas de doute sur votre santé ou de symptômes persistants, consultez un professionnel de santé.
Références
- Mohamed Amine Jabri, Dalanda Wannes, Najla Hajji, Mohsen Sakly, Lamjed Marzouki, Hichem Sebai – « Rôles des propriétés laxatives et antioxydantes des feuilles de Malva Sylvestris dans le traitement de la constipation» – Pharmacotherapie Biomed – Mai 2017
- Joao Cleverson Gasparetto, Cleverson Antonio Ferreira Martins, Mme Hayashi, Michel Fleith Otuky, Roberto Pontarolo – « Aspects ethnobotaniques et scientifiques de Malva sylvestris L. : une phytothérapie millénaire» – J Pharmacol – Février 2012
- Seyyed Mojtaba Moussavi, Seyyed Alireza Hashemi, Gity Behbudi, Sargol Mazraedoost, Navid Omidifar, Ahmad Gholami, Wei Hung Chiang, Aziz Babapoor, Nelson Pynadathu Rumjit – « Une étude sur les bienfaits pour la santé de Malva sylvestris L. Composés nutritionnels pour les métabolites, les antioxydants et les applications anti-inflammatoires, anticancéreuses et antimicrobiennes» – Médecine alternative complémentaire fondée sur des preuves – 14 août 2021
- « Mauve» – Claudine Luu et Annie Fournier – 300 plantes médicinales de France et d’ailleurs – Éditions Terre vivante, 2020
- « Mauve» – Gérard Debuigne et François Couplan – Le petit Larousse des plantes qui guérissent – Éditions Larousse, 2013
- « Mauve» – Dr Jean Valnet – La phytothérapie, se soigner par les plantes – Éditions Vigot, 2001
